Pour ne pas mourir idiot, il est essentiel de se poser, de temps en temps, les questions importantes...
Donc la question du jour : Vaut-il mieux tomber sur un nerf de boeuf ou sur un boeuf qui a ses nerfs?
En tout cas, il est plus facile de manger un oeuf neuf que neuf oeufs.
Qu'ils soient neufs ou vieux les n'oeufs d'ailleurs.
Tout en sachant qu'un oeuf vieux c'est plein de contradictions : ne dit-on pas en parlant de vieux qu'ils sont : "dur de la feuille" "mou du genou" "avare mais légèrement incontinent", j'en passe et des meilleurs.
Et il faut quand même se rappeler ce que disait Humpty dumpty, une fois tombé de son mur : "si j'avais été dur, j'aurais été moins étalé".
Et, pour en revenir à notre boeuf, n'oublions pas que : "qui vole un oeuf, vole un boeuf!!" -
Atterrés, écrasés consternés, horrifiés, désespérés... les mots manquent pour dire ce qui nous est monté à la gorge et nous a noué les tripes quand la nouvelle de la catastrophe haïtienne nous est parvenue. Je ne connais pas cette île, où je crois savoir que toi, tu es déjà allé, et que ta douce y a même vécu. Je sais que l’idée même d’une « malédiction » n’a pas de sens et que les Haïtiens détestent qu’on y fasse même allusion. Si elle nous vient à l’esprit, c’est bêtement par manque d’imagination, face à ce qui n’est autre que la spirale mortelle de la misère absolue : une fois pris dedans, TOUT se retourne contre toi.
Mais quand même, quel incroyable concours de malheurs sur ce qui fut, me semble-t-il, un bijou d’humanité, non ? Si tu reprends l’histoire de l’île, ne serait-ce que depuis Toussaint Louverture, au XVIII° siècle, l’impression ne te vient-elle pas qu’un nombre vraiment exceptionnel de fléaux se sont acharnés là-bas contre une très grande finesse, un humour infiniment spécial, un raffinement hors temps - du moins si j’en juge par ce que nous en font percevoir les artistes haïtiens ? Ne dit-on pas qu’Haïti fut longtemps la perle des Antilles ? Certes, contre un énorme tremblement de terre inattendu, personne, même une société bien réglée, ne peut grand chose. Mais quand même, ce que ce séisme-là fait ressortir du sous-sol de nos mémoires, c’est bien, me semble-t-il, une fois de plus, le fait que notre France chérie n’a décidément jamais su correctement... comment dire ? sentir, comprendre, intégrer, gérer, et finalement aimer les peuples et les cultures que son empire avait conquis ? Et ce n’est pas le rat Pied Noir que je suis qui pourra te dire le contraire - ah, quels gâchis nous avons partout laissés ! Et quelle lenteur écrasante est la nôtre - nous qui nous croyons une société si « légère », si « élégante », si « raffinée », si « tac-au-tac » ! Tu me diras que c’est une règle anthropologique : le dominant écrase le dominé sans le comprendre, et cela constitue, à terme, sa faiblesse civilisationnelle. En Afrique, les Belges n’ont pas fait mieux que les French, ni en Indonésie les Hollandais, quant aux Espagnols et aux Anglo-germaniques, on sait de quelle façon ils ont « senti » et « accueilli » la culture des Amérindiens !
Cette lourdeur et cette petitesse d’esprit, je trouve qu’on les retrouve dans le débat sur l’« identité nationale », où l’on est obligé de constater avec tristesse que, souvent, nous sommes incapables d’assumer notre passé, je veux dire celui de nos ancêtres conquérants du monde. Un passé s’assume avec noblesse ou ne s’assume pas. Toutes les cultures qui ont fait partie de l’empire français d’antan devraient être accueillies chez nous avec le plus de générosité possible. Les autres peuples aussi, me diras-tu.. mais, comme dit le Renard : « Tu es responsable à jamais de celui que tu as apprivoisé ! » Même les brutes de la Rome antique pratiquèrent cette hospitalité vis-à-vis des multiples peuples sur lesquels ils avaient posé leur « protectorat civilisateur ».
Mais bon, pardon, je me calme, la petitesse d’esprit que j’accuse là est heureusement contredite, sous nos yeux, par la force de l’élan de générosité qui a spontanément poussé nos compatriotes et nos congénères, je ne sais pas jusqu’où dans le monde, à massivement aider, ou à tenter d’aider, les malheureux Haïtiens...
De toute façon, là-bas, le pic du chaos et de la souffrance a maintenant atteint un stade tel que personne ne peut sérieusement protester à l’idée d’une sorte de protectorat américain sur l’île - plus ou moins sous couvert du drapeau onusien, avec une assistance particulière de la France... Espérons au moins que ce protectorat US remplira sa mission de façon plus satisfaisante qu’en Irak ou en Afghanistan ! Même si c’est un pis aller, devant l’incapacité de la communauté internationale et de l’ONU à mener à bien une telle mission. Pauvres Casques Bleus, ce sont vraiment les utopistes impuissants de notre temps - parfois presque les pantins... bien malgré eux, évidemment, on a pu le constater en tant d’endroits où ils étaient censées apporter la paix, y compris en Haïti même, depuis plusieurs années, mais où leur manque de moyens et le flou de leur mission les laissent désarmés face au pire. Je me demande si nos descendants les regarderont avec moins de commisération que retient notre souvenir de la Société des Nations, qui s’enlisa dans l’incurie entre les deux guerres mondiales...
Je sais, tu vas me dire que l’idéal n’existe pas et qu’il faut se contenter du moindre mal, de limiter la casse. Pourtant, ne serait-ce pas cela, l’idéal : un État mondial ? Une organisation planétaire, rapide et bien coordonnée, qui coifferait et contrôlerait notamment les multinationales, à commencer par les banques, dont on apprend qu’elles n’ont jamais fait autant de profits qu’en 2009, malgré la « crise », qu’elles avaient elles-mêmes provoquée et dont elles nous préparent activement la récidive, en spéculant à nouveau comme des folles ? Tu vas sans doute me trouver bien naïf, cher cousin, d’évoquer l’idée même d’un tel contrôle... à la fois concrètement impossible et, diras-tu, potentiellement hyper totalitaire.
Le monde ressemble décidément à une pièce de Shakespeare. Mais non, c’est plus grossier que ça : à une pièce de Bertold Brecht ! Les banquiers du monde, qui ont reçu de la réunion des États du monde plusieurs milliers de milliards d’euros, il y a un an, se la coulent douce. Pendant qu’avec une générosité quelque peu désespérée, la même communauté internationale, assistée d’une foule innombrable de particuliers anonymes, rassemble avec chaleur quelques centaines de millions de dollars pour venir en aide aux Haïtiens écrasés par le sort...
Me répondras-tu que cette pièce de théâtre se déroule en réalité à l’intérieur de chacun de nous et que la juste attitude serait de la regarder avec une compatissante indifférence ?
Allez, je t’embrasse : quelle chance insensée d’être vivant et debout sur ses jambes, dans un pays paisible...
PS : Tu le sais certainement, un organisme regroupe tous les dons : Solidarité Haïti, Fondation de France, BP 22, 75008 Paris, www.fondationdefrance.org
Mon cher cousin des champs,
Tu évoques Shakespeare à propos d’Haïti et c’est bien en effet une pièce pleine de bruits et de fureurs, de larmes et de désespoir qui se joue là sous nos yeux de témoins médiatiques. Shakespeare qui disait : « Le monde entier est un théâtre et nous n’en sommes que les simples acteurs ». Terrible théâtre ! Oui, je connais un peu cette partie d’île pour y avoir circulé une quinzaine de jours durant il y a un quart de siècle, vingt cinq ans déjà. A l’époque m’avait frappé en vrac l’extrême gentillesse de la plupart des gens, leur grande misère très digne, l’état incroyable du réseau routier perclus de trous et d’ornières même sur les grands axes, l’omniprésence, à côté du créole, d’un parler français fleurant bon son dix-neuvième siècle, vestige tenace de notre colonisation ratée, comme tu dis, et aussi l’incroyable créativité de ce peuple dans les arts : les fameuses peintures naïves haïtiennes sont connues dans le monde entier, sa littérature est riche, et l’artisanat haïtien se répand dans toutes les autres îles caraïbes, loin d’être aussi fécondes. Alors pourquoi cette lente et effroyable plongée en enfer ? Est-elle due à des tyrans fous et sanguinaires, à la corruption des élites, à l’invraisemblable déforestation qui touche aujourd’hui 96 % de l’île, ce qui en fait, à une encablure des U.S.A., l’île « la plus pauvre du monde » ? On a cité aussi les méfaits d’un vaudou africain dévoyé devenu sorcellerie noire et instrument de pouvoir, ceux du trafic de drogue et de la prostitution, et puis une violence endémique croissante qui fait que la sécurité n’était plus guère assurée malgré un léger mieux ces dernières années, qui va être de nouveau mis à mal par la fuite dans la nature dévastée de milliers de taulards membres de gangs dangereux.
Mais rien n’explique vraiment l’acharnement du sort sur ce bout d’île, tandis que l’autre moitié du même territoire, la République dominicaine, anciennement colonie espagnole, prospère à sa façon dans le tourisme tropical de masse : plages, activités, bouffe et alcool à gogo, all included, pour toutes les bourses occidentales avides de soleil hivernal.
Oui, Haïti reste une dramatique énigme, un terrible témoin de notre impuissance à tout gérer. Sans parler de la gouvernance mondiale vers laquelle nous devrions nous diriger pour assurer l’avenir de la planète, la seule chance de ce peuple si attachant serait de devenir une sorte de nouvel état américain : car sans la force des moyens et de l’organisation US, la reconstruction s’avèrera impossible. Il faut donc saluer le président Obama, qui a visiblement décidé de mettre le paquet : de gendarmes du monde, les USA en deviendraient-ils aussi - à nouveau - les infirmiers ? Cela serait une évolution positive, non ?
En attendant l’horreur est là : un vieil ami de la famille, ancien officier de la légion étrangère à la retraite, y est allé en fin d’année pour visiter son fils employé du fameux hôtel Montana qui s’est écroulé lui aussi : ils sont vivants tous deux, bien que légèrement blessés, leur chance ayant été de se trouver au moment du tremblement, à 17h30, au rez de chaussée de l’hôtel et donc de pouvoir se ruer dehors avant l’écroulement total. Ils seront rapatriés dans les jours qui viennent. Cet ami, qui a vécu bien des guerres et situations d’urgence, dont le fameux et terrible séisme qui a détruit une partie de Téhéran en 1956, a pu nous faire passer un court message sur le Net disant que, de toute sa longue vie de soldat, il n’avait jamais vu une situation aussi dramatique qu’à Haïti. Sans commentaires. Faisons ce que nous pouvons et envoyons au moins des dons pour aider cette détresse majeure. Apaisons en nous, comme tu le suggères, nos tumultes intérieurs : ils ne servent à rien ! Et apprécions en effet la chance d’être vivants, nous qui nous plaignons sans cesse de mille petits riens !
Solidarité Haïti, Fondation de France, BP 22, 75008 Paris, www.fondationdefrance.org
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SAKET WALID, un poète à lire...
Envoyé par Saked Walli le 15/01/2010 à 11:31
"Quand le Bien « se commet » et que l’éthique se dégrade, la poésie est là pour redonner aux choses leurs valeurs perdues dans la brumeuse existence humaine.
Quelle soit acceptée ou rejetée la poésie est le pilier des arts.
C’est une présence ontologique rappelant aux hommes que l’Art est toujours une promesse éminemment tenue. Quand le Mal devient la substance du verbe poétique, la poésie acquiert alors une résonance cosmique.
Dans ce recueil, la poésie se veut présence faisant parler le silence et défiant les monts de l’insuffisance humaine. Si la mort est une fatale destinée la méfiance est une lâche sûreté. La parole, étant sincère, elle traverse les sphères, transperce les coeurs et sonde les mystères de l’univers.
De là l’aspect universel de la poésie. Une intelligence humaine qui confine à son apogée, un vers puisant les trésors insoupçonnables du Néant, et surtout une conscience qui s’examine afin de tendre la main à cet autre qui nous attend dans un coin ombragé d’un monde aveugle.
Loin de tout rêve stérile la poésie est un acte sincère épousant le rythme fou de la VIE avant que « l’être » ne périsse. Tôt dans la vie tard dans la nuit, la parole poétique se veut un véritable exercice de conscience libre travaillant à rétablir la symbiose entre l’Action sincère et la Bonne volonté. Le pessimisme dont est teinté ce livre n’est autre qu’une stratégie édifiante tentant de réveiller les consciences quasi mortes.« Quand la raison me fait défaut, la poésie est là pour me dire ce qu’il faut ». « Ma poésie chante l’orphelinat de la morale. »
« C’est un enfant souffrant dans un coin de l’immense géographie humaine ». C’est une humanité cherchant la délivrance des maux qu’on lui inflige. Ce livre ne prétend pas pouvoir apporter des remèdes à tous. Mais c’est un acte de renaissance voire un espace démystifiant l’illusion d’une insuffisance humaine qu’on se plaît à
cultiver d’une manière ou d’une autre.
L’homme a besoin de modérer son intelligence. La poésie le dit consciemment : « La Vie mérite d’être vécue à condition qu’on se lave de nos « péchés » intellectuels les plus têtus : -« Frère sans toi, je serai condamné à être coi Alors, que notre dialogue soit une foi !
La poésie est une trêve dans un monde où à chaque instant on crève
C’est l’espace d’un rêve nous rappelant que nous sommes tous, enfants d’ADAM et ÈVE. »
Ludique et heuristique, telle est la substance d’une poésie réveillant en nous tous les sens.
Prélude, par Youssef Rzouga et
SAKET Walid." -
Ne pas avoir la mémoire courte ...
Envoyé par Maria le 20/12/2009 à 20:50
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Ecrire sur l'errance ...
Envoyé par L'équipe le 06/11/2009 à 12:23