Un octet avait rêvé
Au fond d'un micromodule
D'une puce abandonnée
Aux charmantes mandibules

Mais changer d'ordinateur
N'était certes pas facile
Car tous les bus du secteur
Ne sortaient pas de la ville

Gagnant la mémoire d'écran
L'octet épris d'aventure
Visionna pendant un an
Tout'(es) sortes de créatures

Mille-pattes, araignées,
Pucerons, fourmis, facteur,
Mais pas de puce adorée
Au fond d'un ordinateur

Soudain notre octet d'un bond
Criant : " Puce je t'adore "
Sauta sur un électron
Visant un luminophore

Car de la porte à coté
Parvenait la forte odeur
De chaussett'(es) ayant chaussé
Sept jours les pieds d'un facteur

Un photon compatissant
Prit notre octet sous son aile
Le transportant sur le champ
Vers sa charmante pucelle

Mais ô rage, ô désespoir
Trois minut'(es) avant ce geste
La puce avait dans le noir
Quitté son hôte pédestre

Pour la cav'(e) d'une maison
Où un rat attentionné
Avait pris dans sa toison
La pucelle abandonnée

Lors l'octet comme un seul homme
Dit : " Advienne que pourra ! "
Et trouva un phéromone
Pour gagner le nez du rat

Et dans la cave affairée
Sur le champ on célébra
Les noces de notre octet
Et de la puce à son bras

Ils vécurent fort longtemps
Très heureux et, qui est plus,
Ils eurent beaucoup d'enfants
Qu'on appela " octets-puces ".

 

Aurélien BONPAN.