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Conte de Noël Rimbaldien
Envoyé par Aurélien Bonpan le 08/05/2003 à 12:02

CONTE DE NOEL RIMBALDIEN

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

°°°


Un soir, j'ai assis la beauté sur mes genoux et je l'ai trouvée amère, et je l'ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui.

Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine.

Sur toute joie pour l'étrangler, j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon Dieu.

Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

°°°


Un jour, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac, j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien où je reprendrais peut-être appétit. La charité est cette clef.

Cette inspiration prouve que j'ai rêvé.

Incapable de l'accorder, j'ai embrassé l'aube d'été…

Sur la pente du talus, les anges tournaient leurs robes de laine dans les herbages d'acier et d'émeraude. Je marchais, réveillant les haleines vives et tièdes. Les pierreries regardèrent, les ailes se levèrent sans bruit et une fleur au blême éclat me dit son nom. Je crus voir la déesse à la cime argentée et levai un à un ses voiles. Le coq chanta dans le bois. Je tordis les voiles arrachés. "Tu resteras hyène" se récria le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme, et tous tes péchés capitaux"

J'entendis de nouveau le chant du coq. Je déchirai haineux les voiles voluptueux, quelques hideux feuillets de mon carnet de damné. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois…Au réveil, il était midi. Furtif et grave, je le reconnus.


Il est l'affection et le présent, puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été, lui qui a purifié les boissons et les aliments, et justifié les moissons, lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations.


°°°

Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase.

Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l'éternité, machine aimée des qualités fatales. Nous avons tous eu l'épouvante de sa concession et de la nôtre : ô jouissance de notre santé, élan de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie…


Et nous nous le rappelons et il voyage…Et si l'adoration s'en va, sonne, sa promesse sonne: "arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ses âges. C'est cette époque-ci qui a sombré!"

Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel , il n'accomplira pas la rédemption des colères de femmes et des gaietés des hommes et de tout ce péché : car c'est fait, lui étant et étant aimé.

Ô ses souffles, ses fêtes, ses courses; la terrible célérité de la perfection des formes et de l'action!

Ô fécondité de l'esprit et immensité de l'univers !

Son corps! Le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle !

Sa vue, sa vue ! tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite.

Son jour! L'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la musique plus intense.

Son pas ! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.

Ô lui et nous! L'orgueil plus bienveillant que les charités perdues.

Ô monde! Et le chant clair des malheurs nouveaux.


°°°

Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d'hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.

"Avec ce titre explicite, vous aurez reconnu l'oeuvre de RIMBAUD présentée en exercice d'ellipses et de collages."


Aurélien BONPAN.

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