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» La fatigue informationnelle !
Une étude la Fondation Jean Jaurès publiée en octobre dernier a montré que 54% des Français souffrent de cette fatigue informationnelle. C'est aussi le sentiment que nous ont rapporté les personnes rencontrées à l'occasion d'un micro-trottoir sur ce thème. Invité sur France 3 Normandie, le sociologue des médias Jean-Marie Charon nous a également apporté son expertise sur le sujet.
On ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure !

"À titre personnel, j'ai tendance à moins regarder les informations parce qu'il y a trop de canaux de diffusion et pas forcément des bonnes nouvelles, donc j'essaie de limiter. On axe beaucoup sur les mauvaises nouvelles ou les problèmes de société qui sont existants et qu'il ne faut pas négliger, et on a moins cet équilibre de culture générale et d'actualité au sens plus large du terme", témoigne une jeune femme rencontrée dans les rues de l'agglomération rouennaise.
"C'est beaucoup de choses négatives, ça décourage les gens de regarder les actualités", poursuit cette autre dame. "Il y a plus de mauvaises nouvelles que de bonnes nouvelles. J'ai l'impression que c'est comme ça depuis longtemps, et pour moi, c'est un peu le train-train habituel, ça ne me choque pas plus que ça", commente un jeune homme d'une vingtaine d'années.
"On ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure", déplore ce dicton populaire. Les journalistes couvrent effectivement l'actualité, et elle est rarement rieuse. Ils informent sur la politique, alertent sur les accidents, les scandales ou les épidémies, racontent les guerres et pointent les dangers du monde.
"Beaucoup trop de politique à la télévision, et avec les élections qui vont bientôt arriver, ça va être de pire en pire" regrette cet homme rencontré dans les rues de Grand-Quevilly (76).
Les chaînes d'infos en continu nous bombardent de mauvaises nouvelles, je préférerais un journal télévisé avec de bonnes nouvelles. Les augmentations, Trump qui fait des siennes...c'est une vraie catastrophe !
"L'information omniprésente sur nos smartphones"
Jean-Marie Charon est chercheur au CNRS et sociologue des médias. Il était l'invité du journal de France 3 Normandie ce mardi 8 mars, et est revenu avec nous sur la place de l'information dans notre quotidien, ainsi que sur l'évolution du métier de journaliste.
"Le premier élément qui a été souligné, c'est qu'on a changé nos modes d'informations. Nous expérimentons de nouvelles manières de s'informer, et la première c'est effectivement de passer par le téléphone portable. L'ARCOM – autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique - qui est l'organisme qui surveille les médias, a fait une étude qui s'intitule "Les Français et l'information", et qui montrait que le principal écran désormais, c'est le smartphone. Qu'est-ce que ça change ? La première chose, c'est qu'il n'y a pas de limites horaires. Dans notre système d'information précédent, soit nous allions chercher notre journal et on avait nos moments de lecture, soit nous avions les journaux proposés par les radios télévisons."

"L'information est devenue omniprésente.
Dès que nous ouvrons notre smartphone, nous pouvons être confrontés à de l’information. D’autant plus que notre source d'information - et plus nous sommes jeunes et plus ça va être le cas - ça va être d'abord les réseaux sociaux. Sur un smartphone cohabitent toutes sortes de sources, comme les influenceurs par exemple".
Jean-Marie Charon, chercheur au CNRS et sociologue des médias, était l'invité du JT de France3 Normandie le mardi 8 mars.
Le rôle de filtre du journaliste en voie de disparition ?
"Dans ce système-là, le rôle de filtre ou de "gardien de but" du journaliste disparaît. C’est-à-dire celui qui oriente, qui hiérarchise, qui propose, et qui à certains moments protège son public. Aujourd'hui, nous pouvons accéder à des messages d'une extrême violence, ça peut être des propos ou des images très directement prises sur l'actualité."
"En ce moment, on a toute une série de terrains de guerre, si vous allez sur les réseaux sociaux, immédiatement vous êtes en Ukraine, vous êtes à Gaza, et là il n'y a aucun filtre. Tous ces éléments jouent. Il faut voir aussi à quel point il y a une espèce d'entraînement réciproque entre ce qui se passe sur les réseaux sociaux et ce qui se passe sur les chaînes d'infos".
S'offrir des moments de déconnexion
Face à ce trop-plein d'informations, souvent anxiogènes et contradictoires, il conviendrait de faire des pauses. "En principe, la meilleure solution serait d'essayer de se réguler, c’est-à-dire se donner des moments de déconnexion. Certains d'entre nous d'ailleurs, pendant les vacances ou des moments de pause, disent "j'arrête, je laisse mon smartphone, je fais une diète en matière d'information". Par rapport aux réseaux sociaux qui sont omniprésents, je crois que ça peut être une solution."