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» Comment rester debout ?
« inspirés par les mots d’Etty Hillesum, dans son journal intime en 1941 (Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Points) :
« Il faut garder contact avec le monde réel, le monde actuel, tâcher d’y définir sa place, on n’a pas le droit de vivre avec ses seules valeurs éternelles ; ce serait une nouvelle forme de politique de l’autruche. Vivre totalement au dehors comme au-dedans, ne rien sacrifier de la réalité extérieure à la vie intérieure, pas plus que l’inverse, voilà une tâche exaltante. »
Accueillir notre réel intérieur:
Etty, nous encourage à « ne rien sacrifier de la vie intérieure à la vie extérieure, pas plus que l’inverse ».
Face au chaos du monde, nous sommes bouleversés, au point peut-être que nous préférons « fermer les écoutilles » et ne pas entendre ni l’extérieur, ni les répercussions en nous de ces nouvelles. Osons au contraire faire face, et accueillir ce qui se passe en nous.
Pouvoir accueillir sa souffrance et l’exprimer est fondamental pour la croissance. Cela nous humanise. Cela nous permet d’accueillir en nous ce qui est plus profond et solide que la douleur.
Trois moyens peuvent aider dans ce travail :
* l’analyse de nos sensations
* la relation d’aide, parce qu’il est parfois nécessaire de le faire en étant accompagné
* et le mini-outil « regarder les événements à partir de mon être », précieux pour accueillir tout le réel en soi, et pas simplement les mouvements immédiats de sa sensibilité ou de son moi-je. Vous pouvez demander ce mini-outil à un formateur si vous ne l’avez pas. Vous verrez que votre regard sur les événements et votre posture changent.
Ajoutons que, assez souvent, nos réactions face aux drames extérieurs viennent toucher notre histoire, et conditionnent notre manière de réagir. De manière parfois inconsciente, notre système de défense s’active, des réactions disproportionnées et répétitives se déclenchent. Cela peut engendrer une mise à distance et une froideur, ou à l’inverse un bouleversement sensible, de grandes émotions qui nous emportent et nous sont insupportables. Il est bon de vérifier si c’est le cas pour soi.
Vivre en accord avec son être et en docilité à sa conscience profonde:
« Vivre totalement au dehors comme au-dedans », affirme Etty Hillesum.
Commençons par la vie « au-dedans ». Si nous n’en prenons pas soin, nous pouvons être écrasés, dominés, manœuvrés à notre insu. Et donc ne plus être libres. Il existe des techniques sophistiquées de manipulation, d’asservissement des consciences. C’est ainsi que des millions, sinon probablement des milliards de personnes aujourd’hui, subissent des systèmes totalitaires sans même en avoir conscience. C’est ainsi que nous pouvons offrir nos « temps de cerveaux disponibles » à des divertissements ou comportements consuméristes qui ne nous correspondent pas.
Prenons soin de notre être. C’est la partie de nous inaliénable, en laquelle nous sommes viscéralement libres, et le plus humain. Prenons soin de notre vitalisation. Prenons les moyens pour avoir une vie intérieure vigoureuse. Il y va de notre responsabilité, plus encore en ces temps incertains.
Il existe de nombreux moyens pour cela, et d’autres lieux aussi. Prenons les moyens d’être humanisants par nos pensées, actes et paroles.
Écoutons notre conscience profonde. Prenons des décisions libres et constructives.
Ainsi, nous pourrons « vivre totalement au dehors ».
Quitter la résignation, le fatalisme ou le découragement. Être acteurs, actrices, d’un monde plus juste et fraternel.
Les bénéfices sont nombreux.
D’abord pour soi, car on est plus vivant, en paix avec soi-même, et engagé : on fait sa part, et on grandit à travers cela. Cela n’empêche pas les souffrances, mais on avance et on grandit.
Ensuite, pour les personnes de son entourage et auprès de qui on s’engage. Il existe une contagion de l’être.
Enfin, parce que, si nous sommes assez nombreux à devenir ainsi des vivants à partir du cœur de soi, le monde s’humanisera, et pourra faire reculer les vents contraires.
Ce n’est pas gagné, mais c’est possible. Faisons notre part. »